
Tendinopathie d’Achille: quand le tendon crie “trop, trop vite, trop souvent”
Publié le : 2025-10-15
par Mathieu Côté, physiothérapeute
Le tendon d’Achille, c’est un peu le câble de remorquage du corps humain qui nous connecte au sol. Reliant le mollet au talon, il supporte des charges impressionnantes à chaque foulée, montée et saut.
C’est d’ailleurs le tendon le plus résistant du corps… mais aussi celui qui se blesse le plus souvent, surtout chez les coureurs et les marcheurs de longues distances avec pentes.
Pourquoi ça arrive?
Souvent, la tendinopathie d’Achille est la conséquence d’une maladaptation, d’un stress mécanique trop élevé : trop d’entraînement, trop rapidement, sans assez de période de récupération. Ce surmenage entraîne une inflammation (tendinite) ou, à plus long terme, une dégradation du tissu (tendinose).Résultat : une douleur localisée derrière le talon ou plus haut sur le tendon, des symptômes au lever et à l’effort, et parfois une petite bosse qui s’installe. Ce dernier cas peut correspondre au syndrome de Haglund, une irritation causée par un frottement entre la chaussure, le tendon et l’os du talon (le calcanéum).
Les signes à surveiller
-Douleur bien localisée au tendon d’Achille ou à son insertion sur le talon postérieur
-Sensation de raideur après le repos et au lever
-Douleur en montant sur la pointe des pieds
-Inconfort lors de la course, des sauts, des montées ainsi qu’à la palpation
Si vous ressentez ces symptômes, c’est que votre tendon vous dit clairement de lever le pied, littéralement :)Que faire à court terme?
Le premier réflexe, c’est de réduire les agents stresseurs: ralentir les entraînements, réduire significativement sinon éviter les vitesses élevées, les sauts et les dénivelés.La glace et les anti-inflammatoires peuvent soulager sur le moment, advenant une phase inflammatoire imposante, mais ils ne favorisent pas la guérison du tendon. Mieux vaut miser sur des solutions actives.
Quelques stratégies simples :
-Adopter des chaussures avec un peu plus d’amorti ou un talon légèrement surélevé (oui, le fameux “drop”!). L’ajout d’une talonnette peut également suffire pour moduler le drop.
-Éviter les souliers qui frottent sur le tendon.
-Pratiquer la marche/course de façon fractionnée sinon privilégier une activité de transfert comme le vélo ou la natation, qui fait bouger sans surcharger le tendon.
Le plan de rééducation en physio
Une fois la douleur calmée, il faut renforcer progressivement le tendon pour qu’il retrouve sa tolérance à la charge. Cela passe par des exercices de mollets en excentrique (comme les montées-descentes sur la pointe des pieds), qu’on adapte en fonction de la douleur. L’objectif est de réhabituer le tendon à supporter les contraintes de la marche, de la course et des sauts, mais sans le brusquer.Les études montrent d’ailleurs que la tendinopathie du corps du tendon (plus haute) guérit mieux que celle située à son insertion, près du talon. Dans ce dernier cas, il faut éviter de travailler trop tôt en flexion dorsale (talon plus bas que les orteils), car cette position comprime davantage le tendon.
Prévenir plutôt que guérir
Une reprise trop rapide après blessure est la première cause de rechute.Pour prévenir, il faut:
-Augmenter la charge graduellement (volume, vitesse, côtes)
-Travailler la force des mollets et des chevilles, avec des étirements au besoin
-Surveiller la technique de marche et/ou de course
-Choisir des chaussures adaptées, qui n’irritent pas la zone postérieure du talon.
La tendinopathie d’Achille, c’est le signal que ton tendon ne suit plus la cadence imposée. La clé, c’est de lui redonner la chance de s’adapter: d’abord du repos relatif, ensuite une progression dans le renforcement, sans brûler d’étapes. Patience et constance seront tes meilleurs alliés pour repartir du bon pied sans douleur. N’hésitez pas à nous poser vos questions afin de bien réadapter vos tendons.
Achille n’a qu’à bien se tenir!